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Jean-François Achilli a admis devant sa hiérarchie avoir joué un rôle dans « Jordan », le livre de Bardella

Un journaliste peut-il collaborer secrètement à un livre politique pour le chef d’un parti en campagne, sans le signaler à ses auditeurs, en particulier lorsqu’il travaille pour une émission du service public ? Le directeur de Franceinfo, Jean-Philippe Baille, a reçu, lundi 25 mars, le journaliste Jean-François Achilli, suspendu depuis dix jours de l’antenne à titre conservatoire, en attendant un entretien préalable à une éventuelle procédure disciplinaire, prévu le 2 avril.
Il s’agissait de rappeler les règles de Radio France, envoyées aux salariés jeudi 21 mars, selon lesquelles, entre autres, « toute collaboration extérieure, dès qu’elle est envisagée, doit faire l’objet d’une information à la hiérarchie et de son autorisation expresse et préalable ». Le non-respect de ces règles « peut constituer une faute professionnelle », a averti la direction de Radio France. Lundi, Jean-François Achilli a réfuté l’idée d’un conflit d’intérêts ou d’une connivence avec Jordan Bardella et son parti, le Rassemblement national (RN).
Quelques jours plus tôt, le cas du journaliste s’invite à l’Assemblée nationale. « Un intervieweur éditorialiste reconnu a été écarté de l’antenne de Franceinfo pour des liens, mais des liens supposés, avec Jordan Bardella », tonne, le 20 mars, Philippe Ballard, député (RN) de l’Oise, lors des questions d’actualité au gouvernement, en interpellant la ministre de la culture, Rachida Dati. Journaliste « reconnu », car Jean-François Achilli interviewe, tous les jours à 18 h 20 sur Franceinfo, un responsable politique. Au micro, le député RN dénonce un « deux poids, deux mesures » en mentionnant la situation de la journaliste Léa Salamé, qui n’a pourtant jamais caché son lien privé avec Raphaël Glucksmann, tête de liste du Parti socialiste aux élections européennes du 9 juin, et se retirera de l’antenne de France Inter début avril.
Dans l’Hémicycle, le député cite des livres de journalistes ayant « collaboré avec des personnalités politiques : Alain Duhamel, Edwy Plenel, Claude Askolovitch », sans préciser que ces noms figurent, justement, sur les couvertures, accompagnés de contrats en bonne et due forme. Or, rappelle la ministre au député (qui, avant de se faire élire aux régionales de 2021, était en même temps militant du RN et présentateur sur LCI), les règles à Radio France sont « très strictes » depuis juin 2023. « En amont de toute collaboration, même, à la limite de toute discussion, pour éviter tout conflit d’intérêts, rappelle Rachida Dati à propos du cas Achilli, il suffisait qu’il informe sa direction pour dire s’il y avait une collaboration envisagée. Ça n’a pas été le cas, puisque Radio France l’a appris par la presse. »
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