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Sigrid Kaag, une « dame de fer » pour coordonner l’action humanitaire de l’ONU à Gaza

La résolution adoptée le 22 décembre par le Conseil de sécurité des Nations unies sur Gaza, exigeant l’acheminement de l’aide « à grande échelle » dans l’enclave palestinienne bombardée par l’armée israélienne, n’est pas encore suivie d’une avancée significative. Mais l’un de ses points a été acté : la Néerlandaise Sigrid Kaag, âgée de 62 ans, a été nommée, mardi 26 décembre, par le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, au poste de coordinatrice de l’aide humanitaire et de la reconstruction à Gaza. Elle prendra ses fonctions le 8 janvier, et sera d’abord basée à Amman, plate-forme humanitaire internationale au Proche-Orient.
Elle devrait ensuite rejoindre Le Caire, avant de pouvoir s’installer à Gaza – à un horizon encore très incertain – où d’intenses frappes se poursuivent dans la guerre entre l’Etat hébreu et le Hamas. Sa nomination s’est faite en un temps record. Elle a été saluée par les Etats-Unis, ainsi que par les Emirats arabes unis, qui ont porté les négociations sur la récente résolution. Celle-ci n’exige pas de cessez-le-feu.
Ministre dans le gouvernement néerlandais sortant, Sigrid Kaag retrouve aujourd’hui le cadre des institutions de l’ONU, où elle a fait l’essentiel de sa carrière, notamment au sein de l’UNRWA (l’agence chargée des réfugiés palestiniens au Proche-Orient) ou de l’Unicef. Elle sera amenée à collaborer avec ces deux organismes, dont la direction régionale se trouve en Jordanie, pour répondre à l’urgence humanitaire à Gaza. La population y est menacée de famine, selon les Nations unies. Sa mission consistera à faciliter et à vérifier l’envoi de l’aide, qui dépend pour l’heure des autorisations concédées par Israël, à mettre « en place un mécanisme des Nations unies pour accélérer les envois d’aide humanitaire à Gaza par l’intermédiaire d’Etats non parties au conflit », précise l’ONU.
Polyglotte, mère de quatre enfants, Sigrid Kaag a commencé sa carrière internationale à Jérusalem dans les années 1990. Ses interlocuteurs à Damas la surnomment la « dame de fer » néerlandaise, alors qu’elle supervise le désarmement chimique du régime syrien (2013-2014), à un moment où la guerre fait rage. Elle est ensuite représentante de l’ONU au Liban, de 2015 à 2017, période marquée par la crise des réfugiés syriens. « Sigrid Kaag s’est montrée très dynamique. Elle a gardé un lien avec le Liban, et plusieurs fois soutenu le camp réformateur », rapporte le politologue Karim Bitar.
De retour aux Pays-Bas en 2017, son ascension est fulgurante dans la politique nationale : cheffe de la diplomatie (elle démissionne en 2021 après l’évacuation chaotique d’Afghanistan), puis ministre des finances et vice-première ministre. Elle prend la tête de la formation libérale de gauche D66. Mais, dans un pays où l’extrême droite a remporté les élections législatives en novembre, cette féministe mariée à un ancien ambassadeur palestinien retiré de la vie politique fait face à des menaces, nourries par la misogynie et le racisme : en juillet, elle annonce sa volonté de quitter la politique afin de protéger sa famille.
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